Les sports de nature. Une catégorie de l'action publique en question
Souvent décrits comme symptomatiques d’une « demande » croissante des Français en matière d’activités physiques, les « Sports de nature » font l’objet de multiples enquêtes, études, publications ayant pour finalité d’en identifier les effets sur les territoires. Qu’il s’agisse de faire valoir leur contribution à la valorisation des territoires en termes d’attractivité touristique, de potentialités économiques, de sensibilisation à la protection de l’environnement, les usages sportifs de la nature sont en outre l’objet d’une mobilisation publique qui vise explicitement à en favoriser le « développement maîtrisé ». Impulsée au niveau national, cette politique est censée être relayée au niveau local et décentralisé.
Pour autant, le présupposé de l’existence d’une unité sociale des « Sports de nature » et d’une relative homogénéité de pratiques sous-tendues par cette catégorisation générique n’est en soi pas interrogé. La typologie « Sports de nature » est effectivement censée orienter les stratégies et actions politiques locales en direction d’une population dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est géographiquement et sociologiquement dispersée : à titre de liste non exhaustive, pêcheurs, grimpeurs, kitesurfeurs, randonneurs, triathlètes, motocyclistes se retrouvent avec d’autres regroupés dans une catégorie qui ne dissocie pas plus, pour chacune de ces disciplines, les pratiquants les uns des autres. Se présentant sous la forme d’un travail de déconstruction sociologique du langage politique ordinaire, cet ouvrage vise aussi à rappeler que, lorsqu’il s’agit d’une catégorisation officielle, ce sont aussi les intérêts spécifiques (en particulier la légitimation professionnelle d’une partie des agents de l’État) à s’en servir qui doivent aussi être intégrés à l’analyse.
Les auteurs
Laetitia Audinet est géographe, membre associée au GRANEM (Groupe de Recherche Angevin en Économie et Management, UMR-MA n°49) de l’université d’Angers et chercheuse sur les questions liées au tourisme et au développement des territoires.
Christophe Guibert est maître de conférences en sociologie à l’UFR ESTHUA Tourisme et Culture de l’université d’Angers. Il est membre du laboratoire Espaces et Sociétés (ESO, UMR CNRS 6590).
Arnaud Sébileau est enseignant-chercheur à l’IFEPSA-UCO (Institution de Formation à l’Éducation Physique et en Sport d’Angers-Université Catholique de l’Ouest) et chercheur titulaire au Centre Nantais de Sociologie (CENS, UMR CNRS 6025).