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Référent : Ludovic Falaix

Mots clés : 

Cet espace thématique souhaite réinvestir le concept d’habiter riches en controverses scientifiques dans le champ des sciences sociales (Paquot, Lussault, Younès, 2007 ; Berque, De Biase, Bonnin, 2008 ; Frelat-Kahn, Lazzarotti, 2012). Autrement dit, il s’agit d’appréhender si, dans le cadre des constructions territoriales ayant les pratiques récréatives comme supports, les acteurs publics s’interrogent sur le fait que les modalités de développement local autorisent l’habitabilité c’est-à-dire l’opportunité conférée aux habitants, aux touristes de transformer le lieu - le chaos, en espace - le cosmos, afin qu’ils nourrissent ainsi leurs territorialités. En d’autres termes et au cœur des stratégies de développement local, il s’agit d’analyser la place concédée au fait que les « espaces reçoivent leur être des lieux et non de “L’”espace » (Heidegger, 1954), que la condition géographique des individus nécessite le passage de « l’espace spatialisé à l’espace spatialisant » (Merleau-Ponty, 1945). S’ouvrent ainsi les voies d’une épistémologie transmoderne (Corneloup, 2011).

Car cet espace thématique émet l’hypothèse que, dans le cadre du processus de construction d’une « ressource territoriale » (Gumuchian, Pecqueur, 2007), la nature de ces relations entre les acteurs s’orchestre selon trois types de configuration : politicienne, technocratique, ou co-construction. Par conséquent, il s’agit de questionner ce qui fonde la légitimité des élus et la reconnaissance de l’expertise technique lorsqu’il convient de déterminer les orientations stratégiques d’une construction territoriale. Le cas échéant, quel est le degré de participation des habitants, et de leur reconnaissance de leur expertise profane, vis-à-vis du processus décisionnel (Epstein, Donzelot, 2005) ? Jouent-ils un rôle de « médiateur de politiques publiques » (Muller, 1990 ? 2005) ? Enfin, comment s’articulent les jeux de pouvoirs des acteurs institutionnels et la prise en compte des pratiques sociospatiales des habitants au sein des instances de gouvernance territoriale ? Ces questions permettent donc d’enrichir la notion propre au « système culturel localisé » (Corneloup, 2009), à celle des laboratoires récréatifs, d’appréhender le corps comme un effecteur ontologique, plus particulièrement dans le cadre de pratiques immersives (Andrieu, 2014), et de considérer comme une impérieuse nécessité l’esthétisation politique des projets de développement local pour mettre un terme à la normalisation et à la standardisation des procédures aménagistes induites par les stratégies contemporaines de développement local.

Ces problématiques formalisées à travers la nécessité d’élaborer une « géographie de l’intime » (Falaix, 2009, 2017), d’interpréter comment les individus se sentent « affectés en affection » (Zubiri, 962) en révélant le « génie des lieux » (Pitte, 2010), renvoient donc à l’étude de l’habitabilité dans le développement des politiques territoriales afin de prévenir la surproduction potentielle de « non-lieux » (Augé, 1992) ou l’émergence de formes « d’acosmies » (Berque, 2008) induites par les choix stratégiques déterminés, à des seules fins fonctionnelles, dans les procédures d’aménagement du territoire.

Ainsi, cet espace thématique souhaite appréhender ce que recouvre pour les individus le fait « d’habiter en poète » (Heidegger, 1954) à travers l’analyse des nouvelles modalités de récréation sociospatiale entendues comme une opportunité de « recosmisation de l’existence » (Berque, 2008 ; Sloterdijk, 2010) afin de prendre part au débat scientifique sur l’émergence d’un « après tourisme » (Bourdeau, 2012), et sur la place de la « corpospatialité » (Di Méo, 2010). L’ambition consiste alors à considérer que le développement local puisse concéder une place majeure au fait que les individus puissent, au sein des territoires, non seulement se « penser pensants », mais plus encore, « se placer plaçant » (Hoyaux, 2016).

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